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    Du centre de L’OEUF… 

     

     

     

              Dans la pénombre du châtelet, il empoigna une toile qu’il choisit parmi les pinceaux. Et l’adossa au mur, pas loin du jour. À plat ventre, le menton dans les mains comme le savon dans la coquille de plâtre, il chercha la concentration du joueur. Non ! La Lune n’était pas à vendre… Il s’égosillait pour la femme qui ne l’entendait pas. Les anges flottaient autour de lui. Il voulait qu’elle les chasse… Que faisait-elle là ? Il s’approcha et la vit dormir. Il la prit dans ses mains et la déposa sur le lit. Plume. Il aimait la vie. Ève était seule. Le pas était feutré… Ève descendit l’escalier en courant, tant elle avait eu peur. Il la retrouva dans la cour… Manchot des caves… Qu’avait-il à lui dire ? - Ève, c’est votre nom, n’est-ce pas ? Ève prit tout son temps pour lui répondre. Elle le trouvait avenant. Cette rencontre nocturne illuminait déjà ses nuits. Il était courbe. Elle tanguait. Il la regardait. Elle le savait beau. Il ne se montrait pas. Elle le devinait seulement.

    - Vous m’aimez ?

    - Non.

    - Alors qu’est-ce que vous faites là ?

    - Vous avez besoin de moi, Ève – comme j’ai besoin de vous...

    - Poussez-vous...

    - Ève, vous me ressemblez...

    - Allez-vous en !

    - J’ai tué ma femme, Ève, et j’ai besoin de vous.

    - Vous m’ennuyez...

    - Ève, ne soyez pas sourde...

    - Je ne rêve pas, n’est-ce pas ?

    - Laissez-vous conduire...

    - Je n’ai nulle part, Monsieur.

    - Vous aviez une fille, elle vit toujours, non ?

    Il rasait les murs...

    - Oui, en Amérique, Monsieur...

    - Pourquoi mentez-vous ?

    - Je ne mens pas... mon Amour.

    - Ève, vous êtes l’unique rescapée d’une guerre atomique… vous ne l’ignorez pas !

    - Vous êtes là...

    - Ève, réveillez-vous !

    - Mais je ne dors pas, mon Amour...

    Ève prenait de l’ascendant. Le cheval se cabrait… Il s’approcherait et viendrait lui aussi manger dans sa main le sucre !

    - J’aurai ta peau, sale bête !

    - Ève, votre fille a tout avoué.

    - Je n’ai jamais eu de fille, alors, de quoi voulez-vous parler?

    - Je sais que vous l’avez tuée mais elle vivait loin de vous...

    - Je vous dis que je n’ai jamais eu de fille !

    Il retournait manifestement le couteau dans la plaie de la vieille fille qui souffrait affreusement d’un manque...

    - Allons, Ève, venez vous baigner, vous en mourez d’envie.

    - Vous êtes immonde !

    - À quoi jouez-vous, Ève... ? vous savez bien que je vous connais !

    - Nous ne sommes pas seuls, Monsieur.

    - Mais si, mais si, je vous assure !

    - Taisez-vous ! C’est vous qui mentez, maintenant !

    - Ève, nous montons...

    - Mais lâchez-moi !

    - ...

    - Au secours !

    - Ève, nous montons...

    - C’est un disque rayé !

    - Ève...

    - Je ne suis pas folle, dis-leur que je ne suis pas folle, ma chérie...

    - Ève, vous flottez, maintenant...

    - ...

    - Ève, il ne faut pas tricher... montez, continuez à monter, ne vous arrêtez pas, ne regardez rien mais montez, montez encore, montez toujours Ève, je vous aime...

    - Vous êtes intelligent, Monsieur, mais cela ne suffit pas.

    - Vous aimer, Ève, est mon droit le plus strict !

    - Non, Monsieur.

    - Ève, vous êtes chez vous.

    - Merci, Monsieur, et comprenez que je ne suis plus moi.

              Encore parfaitement saine de corps et d’esprit, elle entreprit d’ouvrir les yeux. Elle découvrait son royaume : la cage d’un escalier en ferraille ! Un léger courant d’air frais la fit tourner la tête. Courageusement, elle ramassa son corps encore souple, se releva et poussa la porte déjà ouverte… Un mort était là, étendu près d’un livre ouvert. Elle se coucha… Elle aimait cet homme et elle l’aimerait toujours, si seulement il était pourvu d’une quelconque existence. Elle était prête à tout pour le suivre, faire avec lui le dernier pas à défaut du premier. Ève suivait l’amour aveugle. Ève poussait encore une porte – la dernière. Je refermai le livre où je l’avais cherchée sans la trouver.

     

  • 29

    Je suis ce beau pantin tout désarticulé !

    Je t’ai abandonnée, au fond de ce trou dont l’issue est ta fermeture !

    De ma féminité, l’on n’avait pas parlé - difficile à cerner -

    étant homme à se battre et à se distinguer.

    Ma création me fait découvrir l’univers littéraire

    empli des humains qui peuplent la Terre.

    Debout, guerrière !

     

    J’ai aussi de risibles blessures.

    J’irai dormir un jour à l’autre bout du monde

    où la peur tremble sa vision morte ;

    la solitude est telle que j’écoute ma foi trahir.

    Je vous salue Marie - pleine de place,

    le Seigneur est entre nous,

    vous êtes bénie dans toute femme,

    et je suis avec vous.

    Votre phosphorescence a libéré l’insaisissable fou,

    mais je suis tout à vous, absent de votre chair libre de ton désir…

    Il s'agit de la voix elle-même enchantée féminine,

    face au miroir pivot qui fait d'elle sa femme

    qui ne sera plus pécheresse ou démon, mais un tiers aimé d'être sœur,

    fille, amante et mère - de l'homme debout qui l'accompagne parmi les siens -

    demeuré son très grand amour,

    ou dans l'ordre son frère, fils, amant et père.

     

    Il n'y a toujours que cela : créer cette matière unique,

    surtout qu'elle en empêche de prendre pour génie,

    tandis que cet enthousiasme d'enfance

    signait au contraire volatile

    une victoire nouvelle de l'ignorance

    telle à faire si souvent oublier de se nourrir des autres,

    qu'elle en a conduit si naturellement à ce que,

    ce qui est était et sera fait à l'avenir, donc de cet avenir,

    aille à la nullité la plus grave, qui est pauvreté…

    Il s’est passé quelque chose de très violent, mais j’ignore où :

    ils y sont partis tous les deux... : la tension était ingérable,

    j'avais eu besoin d'un père de substitution :

    je venais du monde extra-plat de l’écran.

    Je pense à la vie qu’elle cueille et, soit dit en passant - accueille :

    un fruit cueilli pouvait bien s’avérer pourri !

    je me dis qu’elle court un très grand danger, bien qu’à sa place,

    j’agirais de même... en fracassant mon cœur, alors au seuil des autres.

    Je ne couvre personne, et pense un peu à protéger seulement...

    mon Dieu, pensez pour moi, auguste blasphème !

     

    C'est à son besoin qu'il oppose ton désir, en vieille maquerelle -

    qui saurait s'affubler du vêtement de femme usurpée,

    donnant le mâle pour précurseur de ce qu'il n'a jamais été.

    Viens, Madame : je vais te montrer que l'amour est demeuré jeune,

    sans être empoisonné…

    Tu es donc là, sans corps - ou ton corps, c’est l’ouvrage…

    Tes mots sont indicibles à force de courage, et tu les veux pourtant

    faits de ta chair humaine, parce qu’ils la font... - je suis seul à t’attendre !

    et mes lecteurs seront d’occasionnels passants.

    Amour inconditionnel des conditions.

     

    L’écriture sauve - de l’absentéisme de tout ce qu’on se refuse à dire,

    parce qu’un bout dirait l’inutile, pire que cela - qui n’est déjà plus rien…

    Je suis l’homme des situations barbares - qui se maquillent en tragédies.

    Le niveau exigé de la conversation ?, c’est un besoin de la mer... -

    il faut être un homme pour survivre ;

    pas d’homme, pas de vie ; c’est un constat bénéficiaire :

    il n’y a pas de défense sans partie.

    C’est Internet ET la vie ce n'est pas internet OU la vie,

    c'est être un homme ET une femme -

    ce n'est pas être un homme OU une femme,

    c'est écrire ET vivre - écrire ou lire,

    et la schizophrénie est bonne pour le livre,

    de même que le livre est bon pour la littérature.

     

    Antigone, récitant ses propres blessures,

    est le produit résulté d'échanges réels,

    repris à la Toile afin d'en exclure définitivement

    la correspondance idéale espérée.

    Antigone est un être social - un redoutable combattant,

    pour un guerrier génial.

    Antigone : écrire, c’est conduire - travailler son écriture, c’est gouverner ;

    passer l'éponge ne servirait de rien sur cette étendue de sang -

    vidé, narcissique -

    tel amour, monnayable dévalué,

    recrudescence de l’émotion face à la négation du mal :

    je veux sentir, et comprendre la prison du risque ;

    je veux, en alerte aveugle !

    Le tourment sera pour plus tard, au réveil de la bêtise additionnelle,

    à l’impossible rattrapage de ses libertés de passage -

    à l’inouï de ma duplicité sexuelle…

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    "Le tourment sera pour plus tard, au réveil de la bêtise additionnelle,

    à l’impossible rattrapage de ses libertés de passage -

    à l’inouï de ma duplicité sexuelle…"

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    "Antigone : écrire, c’est conduire - travailler son écriture, c’est gouverner ;

    passer l'éponge ne servirait de rien sur cette étendue de sang - vidé, narcissique -

    tel amour, monnayable dévalué, recrudescence de l’émotion face à la négation du mal :

    je veux sentir, et comprendre la prison du risque ; je veux, en alerte aveugle !"

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    "Antigone est un être social - un redoutable combattant, pour un guerrier génial."